Constellations familiales et spiritualité… « Et bien quel titre ! », me suis-je dit en m’asseyant pour démarrer ce billet. Comment présenter le lien entre constellations familiales et spiritualité ?
Avant de détailler ce que peuvent proposer les constellations familiales sur ce thème, il me semble intéressant de présenter mon propre cheminement spirituel qui m’a amené aux constellations.
Mon chemin spirituel
Je viens d’une famille de tradition chrétienne, avec de l’amour, oui, mais bien codifié par un environnement bourgeois très classique. Avec le recul, je dirais qu’il y avait peu de conscience à la maison concernant la spiritualité.
J’emploie actuellement le mot « conscience », comme caractérisant la spiritualité, plutôt que le mot « amour », sachant que l’un et l’autre me semblent les deux fondements de la spiritualité. J’aime ce qu’en dit Nisargadattha Maharaj :
Quand je vois que je ne suis rien, c’est la sagesse,
Quand je vois que je suis tout, c’est l’amour
Et entre les deux, ma vie s’écoule.
Trouver le juste équilibre…
Je suis habité par une recherche spirituelle « depuis toujours ». Elle était au début liée au fait que j’étais mal dans ma peau, d’où un long travail avec de multiples thérapies qui m’a finalement amené aux constellations familiales.
J’ai ainsi failli me faire prêtre et jésuite à 25 ans, avant de quitter la religion chrétienne. De ce passé, je garde beaucoup de respect et de reconnaissance pour ce que cela m’a apporté, principalement les enseignements des grands penseurs chrétiens qui étaient avant tout de grands mystiques… Magnifiques et intemporels comme tous les grands mystiques. Je me suis ensuite intéressé à l’Islam, principalement les mystiques Soufis, puis au bouddhisme tibétain pendant trois ans. J’ai apprécié ces spiritualités magnifiques, mais ma quête n’était pas encore achevée…
Ma rencontre avec l’hindouisme
J’ai depuis toujours aimé l’hindouisme et ai vécu deux ans et demi en Inde à quarante ans. J’ai passé un premier temps dans un ahsram à cent kilomètres au nord de Bombay auprès de Gurumayi Chidvilasananda, puis un second temps à Bombay auprès de Ramesh Balsekar, disciple direct de Nisargadattha Maharaj.
Cette religion me nourrit par la joie qu’elle génère. Sa multiplicité m’émerveille (avec tous ses dieux, ses textes, ses « niveaux » spirituels…), tout comme son ouverture à l’imaginaire, son intelligence, sa capacité à proposer des choses impensables (pour nous Occidentaux ) et à intégrer tout ce qui fait l’humain et la nature.
Quel lien avec la constellation familiale ?
Il me semble que c’est essentiellement l’intention derrière la pratique des constellations qui en fait une forme de spiritualité. La constellation vise-t-elle seulement à reconstituer la généalogie de la personne et à résoudre les nœuds qui s’y trouvent ? Ou ce travail de constellations – que l’on pourrait qualifier d’« horizontal », dans l’humain – est-il porté par le constellateur dans une dimension « verticale », une connexion à cet indicible sacré qui va nourrir l’« horizontal » ?
On peut tenter beaucoup de « mots pour dire cet indicible sacré » : le fait d’être intériorisé, présent, en état de bienveillance, de contribution, une sensation d’humble service à ce qui est plus grand que nous, une joie… Bref, une posture intérieure que l’animateur tient comme il peut (humain trop humain !), qui va rejaillir sur le groupe et va parfois transformer un simple atelier de constellation en une expérience spirituelle… Parfois.
Le travail « spirituel » en constellation
En pratique, le travail « spirituel » en constellation est relativement classique : j’aime présenter les constellations comme une forme d’opération neurochirurgicale (avec toutes les réserves d’usage car ce n’est bien sûr en aucun cas une vraie opération médicale sur le cerveau).
Le fait de prendre des représentants, que l’on positionne ensuite comme on le sent dans l’espace, va activer tous nos neurones miroir. Chaque représentant externe active en interne la zone du cerveau correspondant à la personne qu’il représente. Lorsque la constellation remet de l’ordre (l’ordre de l’amour) à l’extérieur, cela remet de l’ordre à l’intérieur du cerveau et ouvre une nouvelle façon de fonctionner.
Il est parfois très positif en constellation de représenter directement ce qui porte notre spiritualité. On peut ainsi prendre des éléments « externes » à la personne, comme Dieu, le diable, le Christianisme, le « grand tout », la mort, la vie, ou encore des éléments plus « internes », comme l’esprit, l’âme et l’ego, mes croyances, résistances ou ressources… Ces éléments sont très puissants car profondément symboliques : ils nous relient à l’ensemble de l’humanité, ils apportent beaucoup, donnent du sens et font ainsi avancer une constellation.
Un enjeu majeur du constellateur est cependant d’utiliser ces éléments à bon escient, et seulement dans une constellation où cela peut aider à débloquer la situation. Le risque est bien sûr que ces éléments plus conceptuels (voir le paragraphe précédent : ce ne sont pas des personnes) activent le mental des représentants, créent des discussions sur les croyances de chacun et que l’énergie de la constellation retombe.
Et finalement pour conclure : travailler sur la spiritualité.. Pour… Quoi ?
En quoi les constellations familiales et la spiritualité peuvent-elles se rejoindre ? Pour résoudre cette question, il faut revenir à la création des constellations par Bert Hellinger et plus particulièrement sur les vingt années que celui-ci a passées en Afrique du Sud.
Bert était jésuite et directeur d’une école dans laquelle de nombreux Zoulous étaient scolarisés. Il a ensuite défroqué, s’est marié, s’est formé à la thérapie pour en final initier les constellations familiales. Pendant ces vingt années, il a été en contact profond et quotidien avec la culture zoulou et tout le respect que celle-ci a pour la terre, le ciel et nos ancêtres… Tous cela et tous ceux dont nous sommes issus.
Avec cette filiation, dans une attitude profondément spirituelle, les constellations proposent d’entrer en humilité, de se mettre après ceux qui nous ont précédés, et dans cette posture pouvoir enfin recevoir. Dans cette posture de reception où je peux enfin me reposer, je peux arrêter de me hausser du col pour tenter d’être reconnu. Cela me permet d’intégrer humblement l’espèce humaine, à ma place, et ce faisant d’y contribuer tout simplement parce que je suis… ce que je suis !